
Depuis 2021, je collabore aux Cahiers de Présence d’Esprit. Fondés en 2001 par Béatrice Viard, les Cahiers de Présence d’Esprit paraissent à raison d’un numéro par an. Ils traduisent cet immense élan impulsé par Desikachar pour adapter le yoga à l’Occident.
La vocation des Cahiers de Présence d’Esprit
La vocation des Cahiers de Présence d’Esprit est d’être, à partir du yoga, une sollicitation à la pensée et à l’écriture ainsi que la consignation d’un enseignement oral. Cette revue se veut aussi un lieu de croisement avec les points de vue et les savoir-faire de notre propre culture et de la modernité.
Ils parlent simplement du yoga, sur des sujets concrets. Ils abordent aussi bien de grandes thématiques liées au yoga que des expériences personnelles, et éclairent la pratique de chacun.
Les derniers numéros
Le numéro 21 (2024), Yoga et Physiologie du silence, rassemble un ensemble de texte sur les expériences du silence : celle d’un neuroscientifique, auteur de Cerveau et silence, qui balaie toutes les formes de silence (de plus extérieur au plus intérieur) et leurs bienfaits sur le cerveau ; celle d’un méditant, formateur de yoga, à travers son parcours de vie et sa relation au texte récité ; celle d’un méditant, professeur de yoga, absorbé par la vapeur du café matinal.
Le numéro 20 (2023), Yoga et christianisme, est l’édition actualisée et remaniée de l’ouvrage paru initialement en 1998 sous le même titre, chez Desclée de Brouwer. Deux professeurs et formateurs de yoga « expliquent » le yoga à un théologien chrétien, qui, loin des préjugés et des stéréotypes, fait des ponts entre le yoga et la tradition chrétienne.
Le numéro 19 (2022), Regards croisés sur l’action, réunit les textes des conférences de François Jullien, Ysé Tardan-Masquelier et Pascal David sur l’action dans les pensées occidentales et orientales.



Présentation du n° 19
« Agir n’est jamais difficile : nous agissons toujours trop et nous répandons sans cesse en actes désordonnés », écrit Simone Weil, qui entend engager la philosophie sur le terrain de la vie, se frotter au rugueux de la réalité pour éprouver la pensée qu’elle construit patiemment.
« Agir, c’est beaucoup d’efforts pour peu d’effets », explique François Jullien à propos du point de vue chinois et l’on comprend alors pourquoi « l’action n’existe pas en Chine » où c’est plutôt le non-agir qui est visé, un non-agir qui implique toutefois que « rien ne soit pas fait ».
« L’homme ne peut pas ne pas agir », constate la sagesse indienne dont Ysé Tardan-Masquelier se fait l’écho : dans ces conditions, autant diriger son action vers le maintien de l’ordre du monde, et plus tard, privilégier les actes qui libèrent à ceux qui alimentent le cercle vicieux du samsāra.
Ces réflexions issues de plusieurs points de vue posent toutes une question, à la fois simple et redoutablement complexe : comment vivre sans agir ? Autrement exprimée : qu’est-ce qu’agir ? Qu’est-ce qu’une action juste ? Et : qui agit ?
Entre rationalité et spiritualité, entre éthique et stratégie, chaque univers de pensée a tenté de répondre à ces questions : ce sont ces différents « points de vue » qui dialoguent dans ce numéro des Cahiers et ce faisant, qui élargissent notre conception occidentale de l’agir. Ce dialogue fructueux – et les écarts qu’il explore sans chercher à les réduire – permettra également au lecteur de capter ce qu’il y a de singulier dans la pratique et les textes du yoga. (Geneviève Salvan)
Présentation du n° 20
Ce numéro des Cahiers de Présence d’Esprit est l’édition actualisée et remaniée d’un ouvrage paru en 1998 sous le même titre aux éditions Desclée de Brouwer. C’est à l’initiative de Henri Bourgeois, théologien chrétien, que pendant une année une discussion s’est poursuivie avec Michel Alibert et Béatrice Viard, tous deux professeurs de yoga et formateurs à l’IFY. L’ouvrage rend compte de cet esprit de conversation chère à la tradition française.
Le titre et le sous-titre en forme de question témoignent bien du projet initial : le choix d’une rencontre qu’avec intuition, Henri Bourgeois présumait fructueuse. L’ouvrage progressant pas à pas dans l’exploration de ces deux spiritualités donne un cap à son intuition primordiale : le choix de la rencontre qui préfère les distinctions constructives et ouvertes aux séparatismes revendicatifs ; le choix de la confrontation positive qui préfère les rapprochements féconds aux polémiques stériles ; le choix du dialogue enfin, qui préfère « penser avec » à « parler contre ».
Ainsi, au fil de ces pages, pourra-t-on mieux comprendre en profondeur le yoga, ses options et sa portée anthropologique et spirituelle, aussi bien pour les chrétiens et chrétiennes qui font du yoga et qui découvriront peut-être des ponts informulés jusqu’ici, que pour les pratiquants de yoga qui voudraient mieux comprendre le christianisme. (Geneviève Salvan)
Présentation du n° 20
Fidèle à la vocation des Cahiers, ce vingt-et-unième numéro réunit cinq textes, dont trois de source orale : la conférence d’un neuroscientifique, Michel Le Van Quyen, donnée lors d’un colloque estival autour de l’enfermement ; la parole de Michel Alibert qui transmet le yoga depuis bientôt cinquante ans, et que nous avons longuement questionné sur la place qu’avait tenu le silence dans son parcours de vie, et un de ses exposés plus théoriques, sur la méditation sans objet, enregistré au vol lors d’un stage. Ces trois textes sont suivis d’une méditation en mots de Vincent Courtois, surgie à la suite d’un stage conduit par Béatrice Viard sur le bhāvana, qu’il a intitulée « Le silence de la vapeur ». Ces deux mots conjoints ont inspiré à Michel Alibert un court texte sur la psalmodie que nous avons placé en annexe.
Ce croisement des points de vue a pris forme progressivement, comme se révèle la statue dans le bloc de granit, par touches successives et associations de pensées. Se tissent ainsi peu à peu des liens entre les textes, des résonances entre les voix, autour de l’expérience personnelle du silence, qu’il soit envisagé comme un fonctionnement régénérateur du cerveau, un art de vivre ou une source d’inspiration.
Le choix du titre, emprunté à la conférence de Michel Le Van Quyen, fait état d’un désir d’envisager le silence ici, dans son rapport à la corporéité humaine, non seulement comme un fonctionnement du cerveau lorsqu’il est silencieux ou qu’il y a du silence autour de lui, mais comme un certain état de l’humain, en tant qu’être vivant. (Geneviève Salvan)